Essai comparatif Kverneland Ecomat vs ES 100 : charrue déchaumeuse ou classique ? Le match
Lors d’une démonstration, nous avons confronté la charrue déchaumeuse Kverneland Ecomat de huit corps avec un modèle classique du même constructeur, l'ES 100 de cinq corps. Frédéric Marien, agriculteur dans l’Essonne en technique biologique sur 200 ha, nous donne son avis après un essai au labour sur deux parcelles de couverts végétaux, lors des préparations de semis en mars dernier.
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Labourer profondément pour bien mélanger et enfouir les résidus, ou labourer en surface, plus largement, quitte à moins enfouir ? C’est l'alternative qui se présente à Frédéric Marien, exploitant en agriculture biologique à Milly-la-Forêt, dans l’Essonne, sur 200 ha de terres limono-sableuses.
Utilisateur d’une charrue classique, ce dernier réfléchit en effet au renouvellement de ce matériel par une déchaumeuse. Une démonstration sur son exploitation, début mars, nous a permis de tirer les avantages et les inconvénients de ces deux pratiques qui se rejoignent, certes, mais avec une approche différente. Pour cela, nous avons voulu mettre à l’épreuve une déchaumeuse, dans un premier temps avec des réglages se rapprochant le plus possible de ceux de la charrue classique de l'agriculteur, soit à une profondeur d'une vingtaine de centimètres et à une vitesse de 8 km/h. Une seconde parcelle nous a ensuite permis d’apprécier le travail de la machine à une plus faible profondeur, d'environ 12 cm.
Dégagement entre corps (cm) | Type de sécurité | Largeur de travail par corps (cm) | Largeur de travail totale (m) | Profondeur de travail (cm) | Poids (kg) | Capacité de relevage nécessaire (kg) | |
ES 100 5 corps | 100 | Non-stop | 30-50 | 1,50 à 2,50 | 15-28 (versoir standard) | 1 700 | 5 200 |
Ecomat 8 corps | 65 | Non-stop | 31-51 | 2,48 à 4,08 | 6-18 | 1 810 | 4 780 |
Des conceptions proches
Pour cet essai, la charrue déchaumeuseKvernelandEcomat de huit corps est comparée à la charrue réversible portée ES 100 de cinq corps du même constructeur, habituellement utilisée sur l'exploitation de notre agri-essayeur. Sur le papier, la déchaumeuse combine les intérêts du labour classique et du travail simplifié, à savoir : retourner l’horizon de terre et mieux mélanger les résidus, tout en travaillant à une profondeur moins importante qu'avec une charrue classique. La section de la poutre, de conception similaire sur les deux modèles, est de 100 x 150 mm sur l'Ecomat et de 150 x 150 mm sur l’ES 100. Si les deux charrues bénéficient chacune d’une sécurité non-stop mécanique à lames et d’un Varilarge, elles se différencient par la taille de leurs versoirs. L’ES 100 est équipée de versoirs standards (no 8), conférant une profondeur de travail de 15 à 28 cm, et une largeur de travail de 30 à 50 cm (12 à 20 pouces). L’Ecomat, pour sa part, ne dispose pas de rasettes et se dote d’un versoir plus petit, pour une profondeur allant de 6 à 18 cm, et une largeur de travail de 31 à 51 cm.
Impact sur la vie du sol
Côté avantage, la charrue déchaumeuse, en travaillant moins profondément, limite la perturbation des sols et améliore par conséquent l’activité biologique en surface. « Depuis quelques années, j’ai progressivement réduit la profondeur de travail de 25 à 20 cm avec ma charrue classique pour favoriser le mélange de la matière organique en surface. Cependant, je suis limité par ma charrue actuelle pour aller encore moins profondément, d’où l’essai d’une charrue déchaumeuse », explique Frédéric Marien. Avec le labour superficiel, la matière organique, placée plus en surface, est aussi mieux répartie sur la hauteur du labour. Sa dégradation s'en voit facilitée, et sa disponibilité pour la culture améliorée. L’exploitation en agriculture biologique implique également d’utiliser le retournement de la terre pour limiter la propagation des adventices. Si cet effet d’étouffement reste présent, la taille réduite des corps et l’absence de rasettes limitent cependant le retournement complet dans certaines conditions.
Quel débit de chantier ?
A contrario, les versoirs plus courts de la charrue déchaumeuse sont moins tirant que ceux d'une charrue classique. « Pour faire un labour idéal, je travaille majoritairement avec ma charrue entre 12 et 14 pouces afin de bien enterrer les résidus et les adventices, explique l’agriculteur. La puissance de près de 200 ch du tracteur n’est donc pas pleinement utilisée avec la charrue de cinq corps. » Avec son nombre de corps plus important, la déchaumeuse permettrait alors d'optimiser les charges de mécanisation et d'obtenir un débit de chantier plus élevé, sans puissance supplémentaire. En effet, les deux modèles de notre comparatif disposent d’une largeur variable identique, de 12 à 20 pouces, la charrue classique de cinq corps travaillant de 1,50 à 2,50 m, et la déchaumeuse de 2,48 à 4,08 m. À vitesse égale, l’Ecomat travaille donc 1,6 fois plus de surface sans impacter la consommation du tracteur. Ce sont des arguments forts pour l’agriculteur, dont la charrue offre des débits de chantier actuellement limités lors des périodes de semis avec son Kuhn Integra 4000 de 4 m de largeur de travail.
Disparités d’enfouissement et de tassement
Qui dit versoirs de conception différente, dit fatalement labour différent. C’est ce que nous avons pu notamment observer sur la première parcelle travaillée par l’Ecomat. Les deux modèles de notre essai ont labouré à environ 8 km/h, à 18 cm de profondeur pour la déchaumeuse et à 20 cm pour la charrue classique. La parcelle, implantée d’un couvert mélangeant plusieurs espèces (moutarde, trèfle d’Alexandrie, avoine, sarrasin et phacélie), a été précédemment pâturée par des moutons. « Après le passage de la charrue, on observe directement que les résidus sont moins bien enfouis par l’Ecomat, car ceux-ci restent visibles en surface, note Frédéric Marien. De même, après le passage du combiné de semis avec une herse rotative, certaines touffes d’adventices subsistent sur le lit de semis. » Cela s’explique par la taille des versoirs, mais aussi par l’absence de rasettes. Habituellement confronté à la forte résistance des adventices, l’exploitant est sceptique au moment du semis.
Cependant, après plusieurs semaines, à la levée de la culture, la différence entre les zones labourées avec les deux charrues est invisible à l’œil nu. L’agriculteur note également que les surfaces labourées entre 16 et 18 cm de profondeur se sont davantage tassées que celles labourées à 20 cm avec la charrue classique. « Ce phénomène de bétonnage s’interprète par l’année particulièrement humide et par nos terres sableuses, précise Frédéric Marien. Plus la surface meuble est petite, plus le tassement est important en cas de fortes pluies. »
La seconde parcelle d’essai est un couvert de trèfle nain semé en mai. Bien que pâturé lui aussi par des moutons, il présente une végétation plus dense, accompagnée de touffes de ray-grass qui ont germé naturellement. Dans ces conditions, la charrue déchaumeuse, réglée à une profondeur de 12 cm, effectue un retournement très correct avec une largeur de travail de 12 à 15 pouces. En revanche, à 20 pouces, le retournement est moins réussi et laisse apparaître des résidus en surface.
La présence du Varilarge sur l’Ecomat est un vrai plus pour adapter la largeur de labour aux conditions et à la taille du couvert, et rend ainsi la charrue plus polyvalente. En conclusion, quel que soit l’outil utilisé, il est primordial de prendre en compte l’état de la parcelle et les conditions au moment du labour. Alors, charrue classique ou déchaumeuse ? Dans le cas de cette exploitation, le plus adéquat serait de bénéficier des deux pour ne faire aucun compromis.
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